Rappelez-vous mon papier sur Le papet. J’y avais sous-entendu une tribu étrange qui y ajoutait du fromage… Pas le moment de polémiquer mais une occasion de vous donner une recette familiale d’une version, ma fois vous verrez, qui se laisse plutôt manger avec délice… et qui provient des profondeurs du terroir vaudois. Authenticité garantie.
L’histoire est rigolote puisque je tiens cette recette d’amis neuchâtelois et genevois expatriés dans un canton où l’on ne parle pas la même langue, sont fous ces suisses! Qui eux la tienne de Pat, un descendant des Odoni, branche cadette des Jotterand. J’ai dégusté ce papet à Zh il y a pas loin de 10 ans. J’avais demandé la recette à l’époque, et je la cuisine de temps en temps. Et, hier soir, je me suis dis qu’il était temps de vous la livrer après accord de la Famille Odoni, évidemment.
Je vous la donne telle quelle:
Recette Papet vaudois (façon Odoni)
pour la recette (4 personnes):
1.5 – 2 kg de poireaux (poreau), dépendant de la longueur que tu enlèves
4 – 6 pdt (genre bintje qui se défont à la cuisson, comme pour la purée).
en fonction du degré de papette que tu veux, émincer les poireaux plus ou moins finement.
couper les pdt en octiers (demi-quartiers), se couper un bout de doigt en même temps.
blanchir les poireaux 3 minutes dans un bouillon.passoiriser les poireaux.
faire dorer très légèrement un peu de beurre dans une casserole (du beurre de bufle si possible, a défaut du même cochon que celui utilisé pour la saucisse au choux).
mettre poireaux et pdt dans une casserole, avec 2 cubes de bouillon
ajouter un tout petit petit petit peu d’eau pour éviter que ça brulote
laisser cuire à petit feu (ma maman a dit entre 2 et 3 pour du vitroceram) pendant env. 82 minutes.rajouter 2 cl d’eau de temps en temps si nécessaire (2 cl c’est le verre de grappa, enfin pas celui de Dave qui est plutôt à 7-8 cl).
quand c’est bien cuit, bien vert et que ça mérite le nom de papet, rajouter du fromage pour faire des fils (c’est joli).
fromage à volonté évidemment, mais pas de vacherin, ça a tendance à rendre le tout un peu amer. conseil: etivaz 1982
Et en bonus, un petit historique du papet des aïeux de P. Odoni. La célébrité n’est pas loin…
Voila ci-dessous un petit historique du Papet Vaudois façon Odoni, façon Jotterand serait a vrai dire plus juste, étant donne que cette recette est héritée de cette branche-ci de ma famille.
Pour trouver l’origine de cette recette, il faut remonter à des temps où le Signal de Bougy était encore un domaine agricole et ne voyait passer sur ses terres ni les familles en quête d’amusement dominical ni les golfeurs portant leurs jolis polos. A cette époque, la vie au domaine était rude et la matriarche (mon arrière-grand-mère) se devait de rassasier à bon prix sa famille éreintée par une longue journée dans les champs dont on ne savait jamais quand elle se terminerait. Le papet vaudois traditionnel, bien que revigorant, nécessita donc quelques ajustements afin d’en flexibiliser la préparation et de remplacer la valeur nutritive de la saucisse aux choux – qu’on ne pouvait malheureusement pas se permettre très souvent. Ainsi naquit le papette vaudois (avec deux “t” et un “e” pour bien en mesurer le caractère), qui permettait au poreau et à la patate de s’allier en quantités variables selon les disponibilités, et à sa cuisinière de ne pas être à cheval sur le temps de cuisson. Et comme le fromage était naguère la seule source de protéines jamais en rupture de stock, on décida d’en rajouter dans la marmite afin d’obtenir un plat non seulement fumant, goûteux et relevant à vrai dire plus de la soupe, mais aussi véritablement complet!
Cela dit, la saucisse aux choux, faut qu’elle vienne de Pompaples et faut la garder en cave 2-3 semaines avant de la consommer! Ça la rend un tantinet gazifère, mais bon, avec le poreau on n’est plus à ça près de toute façon…J’en ai fait l’autre jour à ma femme qui allaite notre bébé de quelques semaines, il a pas passé la meilleure nuit de sa jeune vie!…
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